Samedi, pour la première fois, nous avons organisé une cérémonie de citoyenneté. Prévue par le décret du 8 février 2007, cette cérémonie permet de remettre, de manière solennelle, leur première carte d’électeur aux jeunes majeurs.
En cette année 2011, ce sont 79 jeunes Moëlanais qui vont recevoir leur carte d’électeurs. Il ne faudrait cependant pas en déduire que ce passage à l’âge adulte fait d’eux de simples électeurs. La démocratie a besoin d’électeurs et le vote est important, mais la République a besoin de quelque chose d’infiniment plus important que des électeurs, elle a besoin de citoyens.
Pour illustrer ce point, je me suis permis d’en appeler à Jean JAURES, homme politique de premier plan, député, mais aussi brillant intellectuel. A ce titre, il prend la parole en 1903 pour un discours de fin d’étude au lycée d’Albi, où il avait été élève et professeur. Ce discours est resté célèbre sous le titre de « discours à la jeunesse ».
« Dans notre France moderne, qu’est-ce donc que la République ? C’est un grand acte de confiance. Instituer la République, c’est proclamer que des millions d’hommes sauront tracer eux-mêmes la règle commune de leur action ; qu’ils sauront concilier la liberté et la loi, le mouvement et l’ordre ; qu’ils sauront se combattre sans se déchirer ; que leurs divisions n’iront pas jusqu’à une fureur chronique de guerre civile, et qu’ils ne chercheront jamais dans une dictature même passagère une trêve funeste et un lâche repos. Instituer la République, c’est proclamer que les citoyens des grandes nations modernes, obligés de suffire par un travail constant aux nécessités de la vie privée et domestique, auront cependant assez de temps et de liberté d’esprit pour s’occuper de la chose commune. Et si cette République surgit dans un monde monarchique encore, c’est assurer qu’elle s’adaptera aux conditions compliquées de la vie internationale [...]
Oui, la République est un grand acte de confiance et un grand acte d’audace. L’intervention en était si audacieuse, si paradoxale, que même les hommes hardis qui il y a cent dix ans, ont révolutionné le monde, en écartèrent d’abord l’idée. Les Constituants de 1789 et de 1791, même les Législateurs de 1792 croyaient que la monarchie traditionnelle était l’enveloppe nécessaire de la société nouvelle. Ils ne renoncèrent à cet abri que sous les coups répétés de la trahison royale. Et quand enfin ils eurent déraciné la royauté, la République leur apparut moins comme un système prédestiné que comme le seul moyen de combler le vide laissé par la monarchie. Bientôt cependant, et après quelques heures d’étonnement et presque d’inquiétude, ils l’adoptèrent de toute leur pensée et de tout leur cœur. Ils résumèrent, ils confondirent en elle toute la Révolution. Et ils ne cherchèrent point à se donner le change. Ils ne cherchèrent point à se rassurer par l’exemple des républiques antiques [...] Ils virent bien qu’ils créaient une œuvre nouvelle, audacieuse et sans précédent. »
Par ces quelques phrases, je voulais vous rappeler que la République est un grand acte de confiance et un grand acte d’audace. Un grand acte de confiance vis-à-vis des hommes et des femmes qui composent la Nation. La République a besoin de citoyens, conscients de leur pouvoir, exigeants vis-à-vis d’elle, vigilants aussi car elle est fragile, toujours menacée par l’indifférence ou la violence. Dans un monde en perpétuel mouvement, alors que de nombreux peuples de la Tunisie à l’Egypte en passant par la Syrie nous rappellent que la Liberté, l’Egalité et la Fraternité sont toujours un combat, j’ai demandé à ces jeunes gens d’être désormais des citoyens engagés.
C’est le meilleur service qu’ils peuvent rendre à la France.
Bienvenue citoyens.
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