Depuis des mois, une polémique s’est enclenchée sur le projet de cultures marines mené par la société Thaëron. Il s’agit de mettre en culture des algues alimentaires. En partie sous-tendue par des visées électoralistes, cette polémique est née début 2014. Elle est depuis nourrie par le Maire de Moëlan et par des tracts alarmistes répétant à l’envie des contre-vérités. Pire, cette polémique justifie des tribunes de presse et des expressions publiques haineuses et mensongères. Pourtant, répéter mille fois un mensonge n’en fera jamais une vérité ! Passons-les en revue…
1. Le projet se serait développé dans la plus grande discrétion :
Vérifications faites -et je tiens la revue de presse à disposition- le premier article sur le sujet est paru le 26 janvier 2013 dans Le Télégramme. Il apparaissait en couverture sur toutes les éditions et faisait la "une de pays" sous le titre "Algues : Projet au large de Moëlan". Depuis, de nombreux articles en pages locales et nationales ont évoqué ce sujet dans les deux quotidiens régionaux. Ce dossier est donc de notoriété publique depuis largement plus d’un an.
2. Les mairies de Clohars, Moëlan et Riec se seraient entendues pour que l’enquête publique se déroule en catimini :
Instruit par la Direction Départementale des Territoires et de la Mer selon une règlementation précise, le projet ne suppose pas de demander l’avis des communes. De même, l’enquête publique dépend de ce service de l’Etat et non des communes. Il répond à un cahier des charges précis, qui a été tenu conformément à la loi. J’ajoute que j’ai évoqué clairement cette enquête publique lors des vœux du maire 2014, devant plusieurs centaines de citoyens.
3. Il y a eu une volonté de ne pas informer le public :
Lors du conseil municipal du 29 janvier 2014, j’ai annoncé avoir obtenu du Préfet et de la Direction Départementale des Territoires et de la Mer qu’une présentation et un débat puissent être organisés en avril. Cette réunion s’est tenue, mais elle ne fut pas publique, à la demande express du nouveau Maire de Moëlan. Seuls furent invités les services de l’Etat, le porteur de projet, les communes concernées et des associations. Conseiller Régional, j’y ai assisté. Des questions ont été posées, des réponses rassurantes ont été apportées clairement. Cette réunion, gênante pour les opposants au projet, a été escamotée et n’est plus jamais évoquée. On se demande dès lors qui a sciemment organisé la désinformation du public…
4. Le projet est à rejeter totalement, car on ne peut pas l’améliorer :
C’est l’argumentation classique des opposants. Aucune place pour la nuance. Pourtant cette affirmation est fausse. Le Préfet peut autoriser le projet tel que demandé par les porteurs de projet, mais il peut aussi le refuser ou, plus probablement, l’accepter en assortissant son autorisation de préconisations et de gardes-fous. En mai 2014, avec Marie-Louise Grisel et Gwenaël Herrouët, nous avons fait la proposition de demander au Préfet “de réduire la surface autorisée ainsi que la durée de concession, de repositionner le projet et de renforcer encore les contrôles”. Nous l’écrivions alors dans le journal municipal : “Un compromis, qui préserve la vie de nos ports, notre biodiversité et la création d’emploi est possible, à condition de le rechercher. Nous proposons de demander au Préfet la création d’un comité de suivi, co-présidé par lui et par le Maire et qui réunirait tous les acteurs du dossier pour suivre sa réalisation”. Nous avons formulé cette proposition constructive en conseil municipal et n’avons obtenu aucune réponse.
5. Les algues représentent une menace pour l’environnement.
L’espèce retenue est une algue déjà présente sur nos côte. Elle s’y développe naturellement sans nécessiter d’apports particuliers. Il n’y a donc aucune raison objective d’évoquer un risque de produits chimiques ou phytosanitaires. Elle sera collectée avant d’atteindre sa maturité sexuelle pour garantir sa non propagation dans le milieu naturel. De plus, un état initial de l’environnement est prévu une fois la zone arrêtée et validée par le Préfet. Un réseau de points de suivi concernant la faune et la flore est prévu depuis l’origine du projet. Ces points de suivi ont été présentés sur carte lors de la réunion d’avril 2014. A Lesconil, un site similaire est en fonctionnement sur une zone Natura 2000. Je l’ai visité. Les acteurs locaux indiquent que la petite pêche se porte très bien aux alentours du site, qui est devenu une nourricière pour les poissons, pour le plus grand bonheur des pêcheurs plaisanciers.
6. Le débarquement au port de Doëlan serait problématique.
Faire écho à cet argument, c’est faire injure à la mémoire de tout ceux qui ont fait l’histoire et la prospérité du port de Doëlan. Au plus fort de sa gloire, il a compté 30 sardiniers pour 300 marins, qui alimentaient une conserverie sur le site même. Plus qu’une carte postale ou un joli paysage, c’est un lieu productif, porteur d’activité économique. C’est d’ailleurs vrai aussi du réseau routier, qui doit pouvoir supporter autre chose que des véhicules de tourisme…
7. L’avenir économique de la filière serait incertain.
C’est le propre de tout projet économique que de s’inscrire dans un contexte incertain. Sans prise de risque, pas de création de valeur ajoutée. Pourtant, ici, nous sommes dans une situation largement bordée par des constats et des études claires. Deux chiffres les résument : nous importons 125 000 tonnes d’algues par an en Bretagne et nous n’en produisons nous même que 70 000 tonnes. Ces deux chiffres montrent à eux seuls la taille du marché, sans compter que les usages des algues se diversifient de plus en plus (cosmétique, énergie, alimentaire, etc.). Chacun sent bien que nous sommes en présence d’une filière d’avenir, qui ramène enfin emplois et création de richesse sur notre littoral après le déclin de la pêche. Il n’y a pour s’en convaincre qu’à prendre connaissance de l’étude de Bretagne Développement Initiative sur le sujet.
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