Vous trouverez ci-dessous le discours que j'ai prononcé au Monument aux Morts de Moëlan-sur-Mer ce matin, lors de la cérémonie officielle marquant la journée du souvenir de la déportation :
En ce jour du souvenir de la déportation, je souhaite évoquer en quelques mots l'importance de la mémoire, de la lutte incessante qu'il convient de mener contre la barbarie, le racisme et l'antisémitisme.
Ces maux sont nés en Europe au cours du 19ème siècle, et notamment en France lors de l'affaire Dreyfus, ce capitaine de l'armée française condamné par un tribunal militaire non pas en raison de sa culpabilité mais parce qu'il était juif. Ils ont hanté et animés les régimes totalitaires de l'Europe occidentale.
Le premier d'entre eux, l'Italie fasciste dirigé par Mussolini dès 1921, fut un régime totalitaire dur et antisémite. Ce régime policier participa à la solution finale et à la déportation massive des juifs et autres victimes de la répression, qu'ils soient des citoyens italiens ou des réfugiés sur son territoire.
Le second de ces régimes fut l'Allemagne nazie d'Hitler qui, dès 1933, élabora et mis en pratique ses théories racistes et antisémites, excluant d'abord les juifs de certaines professions ou de certains emplois, puis les contraindra au port de l'étoile jaune. Il décidera de leur regroupement, de leur internement et enfin du génocide du peuple juif dans son entier. Ce sera l'holocauste et la mort de plus de 6 millions d'être humain, juifs pour la majorité, mais aussi opposants politiques, résistants, handicapés, homosexuels, ...
Le troisième régime fut celui de Vichy et du Maréchal Pétain. Ce régime collabora pleinement avec l'Allemagne nazie et apporta son aide à la solution finale. Gardons en mémoire les rafles du Vel d'Hiv et la déportation de la population juive de Paris.
Ces trois régimes participèrent à la déportation massive de tous ceux que les nazis considéraient comme des sous-hommes et qu'il convenait de supprimer. Certains, en raison de leur origine : 6 millions de juifs furent assassinés entre 1933 et 1945, ce fût aussi le cas des handicapés, que les nazis décidèrent de supprimer pour « purifier la race » selon leur expression, et des homosexuels. D'autres en raison de leur opposition politique au totalitarisme, qu'ils soient opposants politiques ou résistants des pays occupés : russes, roumains, hongrois, belges et français.
Tous se retrouvèrent déportés dans ces camps de concentration ou d'extermination aux noms terribles : Auschwitz, Birkenau, Buchewald, Dachau, Dora, Mathausen, Ravensbrück, et bien d'autres.
Bien peu survécurent. Cette période noire de l'Europe appartient au passé, mais pour qu'elle demeure du passé nous devons être vigilant, ne jamais oublier car la mémoire de cet holocauste est la garantie de notre liberté, présente et future. Ne jamais oublier l'horreur, ne jamais oublier de quoi l'Homme est capable et toujours lutter pour que jamais, jamais une telle horreur ne recommence.
Cette vigilance doit être pour chacun de nous une exigence, dans nos sociétés occidentales comme sur toute la planète. Pourtant, nous le savons tous, le totalitarisme, l'oppression, les massacres, les génocides, n'ont pas disparus en 1945.
Pour finir, permettez-moi de citer Aimé Césaire, combattant inlassable du racisme et défenseur d'une société métissée, qui permettrait de nous garantir contre ces poisons. Il avait ces mots, qu'il nous faut garder en mémoire : "Se rappeler que le combat, le séculaire combat pour la liberté, l’égalité et la fraternité, n’est jamais entièrement gagné, et que c’est tous les jours qu’il vaut la peine d’être livré."
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