Dans une interview qui paraîtra demain dans Le Figaro Magazine, le champion de la droite libérale atlantiste, vous savez celui dont le nom rime avec modesty, évoque les sujets qui seront selon lui au coeur de la campagne présidentielle de 2007.
Celui qui affirme avoir décomplexé la droite nous fait une revue complète de ses « ruptures » :
« La récompense du travail, la reconnaissance du mérite, le nombre de fonctionnaires, le coût et la qualité des services publics, le montant de la fiscalité, les frontières de l'Europe, le niveau des dépenses publiques, la réforme de l'éducation, l'autonomie des universités, la question de la franchise pour l'assurance-maladie, la question d'une fiscalité écologique en substitution partielle à une fiscalité du travail. »
De l'art du double-langage.
En effet, que veut dire récompenser le travail ? En tant que socialiste, je suis bien entendu séduit par ceux qui veulent rémunérer à son juste prix la force de travail. J'y vois même une forme élémentaire de justice sociale. Mais que souhaite Monsieur SARKOZY quand il évoque ce thème ? Parle-t-il de limiter les salaires ou les stock-options indûment versés à des patrons capables d'envoyer leurs entreprises dans le mur, ou parle-t-il plutôt de limiter les minima sociaux qui malheureusement permettent à peine à nombre de nos concitoyens de survivre ? De même,que signifient, dans sa bouche, l'agrégation des termes « nombre de fonctionnaires, coût et qualité des services publics, montant de la fiscalité, niveau des dépenses publiques » ? Et bien tout simplement que le périmètre de l'Etat doit être réduit. En bref, Nicolas SARKOZY est candidat à la présidence de la République pour continuer le travail entamé par RAFFARIN et poursuivit par DE VILLEPIN. On se demande où sont passées ses « ruptures » ?
De même, que dire de l'opposition entre la fiscalité écologique et la fiscalité du travail ? Le trait est si grossier que l'on peine à y croire. Ainsi l'écologie s'opposerait au monde du travail ? Pour qui sait ce que des conditions de travail dégradées peuvent entraîner comme risques écologiques (amiante, pollutions maritimes, pratiques culturales, etc) cela laisse pantois. Pour ceux qui voient que ce sont les plus pauvres qui souffrent d'abord des fractures écologiques aussi (accès à l'eau, à l'énergie, loisirs libres et gratuits sur le littoral ou en forêt, etc).
Cerise sur le gâteau, toujours dans la même interview, Nicolas SARKOZY relativise l'importance du Front National, estimant que "si la France n'a que Le Pen comme problème, ce n'est pas un gros souci". Comment mieux dire qu'une forme de « programme commun » de la droite et de l'extrême-droite se prépare ?
La campagne s'ouvre, les thèmes se dessinent. La démocratie, le pacte républicain et social, la qualité de vie, un grand débat nous attend. Il va requérir toute notre énergie pour décoder les ruses d'un grand communiquant et mettre en avant l'alternative que porte le PS.
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