Il y a 53 ans, l'Abbé Pierre lançait sur les ondes de RTL un appel à une "insurrection de la bonté" :
« Mes amis, au secours… Une femme vient de mourir gelée cette nuit à 3 heures, sur le trottoir du boulevard Sébastopol, serrant sur elle le papier par lequel, avant-hier, on l'avait expulsée. Devant leurs frères mourant de misère, une seule opinion doit exister entre les hommes : la volonté de rendre impossible que cela dure.
Je vous en prie, aimons-nous assez tout de suite pour faire cela. Que tant de douleur nous ait rendu cette chose merveilleuse : l'âme commune de la France, merci ! Chacun de nous peut venir en aide aux sans-abri. Il nous faut pour ce soir, et au plus tard pour demain : 5000 couvertures, 300 grandes tentes américaines, 200 poêles catalytiques.
Grâce à vous, aucun homme, aucun gosse, ne couchera ce soir sur l'asphalte ou les quais de Paris. Merci.»
On sait que l'Abbé Pierre ne s'est pas arrêté à cette vision charitable et religieuse de la société, mais que lui et ses mouvements, Fondation Emmaüs, Fondation Abbé Pierre, se battent aussi pour une fraternité réelle, c'est-à-dire pour une intervention publique et laïque contre la misère et ses causes économiques et sociales.
C'est ce combat que renouvellent à leur façon les artistes fondateurs des Enfants de Don Quichotte. Ils sont utopistes. Ils exaspèrent par un côté "SDF show". Certes, leur bonne volonté est insuffisante, comme l'est celle de l'Abbé Pierre et il faudra plus qu'une mission d'Arno Klarsfeld pour éradiquer la misère. Mais ils interpellent et font bouger les lignes.
Dans une société libérale et individualiste, nous en avons besoin.
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