Je ne le dirais jamais assez, tout citoyen qui souhaite comprendre la vie politique et surtout les mouvements de l'économie, devrait lire Alternatives Economiques.
Ce magazine, complété utilement par son site internet, sait décrypter l'actualité comme les mouvements de fond de la société. Preuve, encore une fois, avec le texte ci-dessous, écrit par Guillaume Duval, qui revient sur la déclaration de Nicolas Sarkozy lors de son intervention télévisé. Une information citoyenne à quelques heures de la rencontre du Président de la République avec les syndicats...
"Nicolas Sarkozy l'a claironné haut et fort le 5 février dernier : il faut que les entreprises partagent leurs bénéfices en trois tiers. Un tiers pour les actionnaires, un tiers pour les salariés sous forme d'intéressement et de participation aux bénéfices et un tiers qu'elles conservent pour financer leurs investissements et leur développement. Si on en croit les comptes de l'ensemble des entreprises françaises en 2006 tels que les a établis l'Insee, le chemin va être long. Les catégories des comptes nationaux ne correspondent pas exactement à celles de la comptabilité d'entreprise. Il faut donc les triturer un peu pour retomber sur ses pieds.
Moyennant quoi il apparaît que, pour un chiffre d'affaires global de 2260 milliards d'euros, les entreprises (les sociétés non financières dans le jargon de la Comptabilité nationale) avaient réalisé en 2006, 137 milliards de bénéfices avant impôt, soit 6 % de leur CA. Elles avaient payé 41 milliards d'impôts sur les bénéfices et il leur est donc resté 95 milliards d'euros à partager. Là-dessus 71 sont partis aux actionnaires (une fois déduits les dividendes que les entreprises ont elles-mêmes reçues de leurs filiales), soit 75 % du total, 15 aux salariés sous forme d'intéressement et de participation, soit 16 % du total. Et il en restait 9, soit 9 % du total, pour financer le développement des entreprises... Sans commentaires."
Ces chiffres sont intéressants mais, comme souvent, je trouve que l'excès enlève de la crédibilité à l'ensemble.
D'abord n'oublions pas l'impôt sur les bénéfices qui, lui-même, participe à la redistribution à la collectivité, donc aux salariés. Cet impôt étant, par nature, prélevé sur les bénéfices de l'entreprise, il me semble qu'il faut l'intégrer à l'ensemble.
Plutôt que la règle des trois tiers, je préférerais donc que l'on parle de la règle des quatre quarts, comme le célèbre gateau :
. 1/4 pour l'état
. 1/4 pour les actionnaires (les seuls qui peuvent, éventuellement, récupérer quelque chose quand il n'y a pas de bénéfices !)
. 1/4 pour les salariés (intéressement et participation)
. 1/4 pour le développement de l'entreprise (notons que c'est en fait plus, car les amortissements sont considérés comme des charges, mais ne constituent pas des flux réels de monnaie.
Par ailleurs, une autre statistique dit que, en 2006, les bénéfices du CAC40 se montaient à 96 milliards, et que 40 milliards (42%) allaient aux actionnaires.
Si on calcule on voit que, en gros, ....100% des bénéfices des sociétés non-CAC vont aux actionnaires !
Etrange, non, et sans doute faux. N'oublions pas que, notamment, dans le cas des entreprises en nom personnel,il n'y a pas d'actionnaire et que la seule rémunération du dirigeant est le bénéfice. Est-ce 100 % pour "l'actionnaire" (le patron) ou 100% pour le salarié (l'artisan) ??
Je crois qu'il faut plutôt raisonner sur le CAC 40, ce qui pourrait donner quelque chose comme :
Bénéfices avant impot : 143
Etat : 47 (33%)
Actionnaire 40 (28%)(notons que c'est probablement un peu moins, car, dans ce chiffre il y a environ 5 milliards de rachat d'action, véritable plaie qui détruit de la valeur pour faire monter les actions).
Salariés 10 (7%)
Entreprise : 46 (32%)
C'est déjà pas mal, et çà pose, aussi, le problème de la part de l'IS et du développement de l'entreprise (qu'il faudrait réduire dans cette logique patissière).
Rédigé par : Petitmaje | 18 février 2009 à 09:57