J'en connais un qui doit avoir des sueurs froides... En effet, la commission Attali va présenter son rapport aujourd'hui et Nicolas Sarkozy s'est engagé, lors de l'installation de la commission, à suivre intégralement ses recommandations.
Or, elles ont déjà filtrées dans la presse et l'on peut émettre des doutes sur la qualité du rapport. A côté de propositions farfelues, comme les fameuses écopolis (villes nouvelles, construites à la campagne), on trouve rassemblées l'ensemble des réformes sur lesquelles s'accordent en privé les élites modernisatrices françaises depuis des décennies sans jamais oser les mettre en oeuvre.
La proposition est claire : en finir avec tous les corporatismes, et monopoles, qui font obstacle au développement de l'emploi et de la croissance, tout en misant sur l'éducation, l'enseignement supérieur, la recherche. Principal objectif : booster la croissance, comme si l'élévation de son taux était l'alpha et l'omega du bonheur collectif. Jacques Attali ne doit pas encore avoir saisi le sens de la politique de civilisation...
Le rapport propose d'en finir avec les numerus clausus qui limitent le nombre de pharmaciens, de notaires, d'huissiers, de taxis, de salons de coiffure et de café-hotels-restaurants. Il propose également de lever les freins à l'ouverture de nouvelles surfaces commerciales afin de faire baisser les prix en augmentant la concurrence. Les administrations sont aussi dans le collimateur : la commission propose de confier les différentes missions de service public à des agences autonomes, comme l'a fait la Suède. Elle entend également supprimer les départements et en répartir les compétences entre les régions d'une part et des intercommunalités renforcées et démocratiquement élues d'autre part.
Les recommandations du rapport n'empruntent pas seulement à un libéralisme anglo-saxon mais cherchent aussi du côté des modèles nordiques. Ainsi, en matière d'emploi, il veut faciliter les licenciements économiques, mais aussi mieux rémunérer les chômeurs en formation.
Ce souci de libéraliser tout en évitant d'aggraver les inégalités françaises permet d'affirmer que le rapport n'est "ni de droite, ni de gauche" (sic). La vraie question est de savoir si sa mise en œuvre développerait effectivement la croissance et l'emploi, ce qui ferait mécaniquement diminuer le chômage et la pauvreté. A dire vrai, nul n'en sait rien et je souhaite bon courage aux économistes qui voudraient nous le démontrer.
Enfin, est-il bien raisonnable de proposer une liste de trois cent propositions propre à faire descendre dans la rue une large partie des Français, sans fournir le moindre mode d'emploi. Jacques Attali insiste sur le fait que son rapport est un tout, à prendre ou à laisser, et qu'il faut en appliquer intégralement les recommandations et vite ! A charge pour Nicolas Sarkozy d'assumer les décisions. J'en connais un qui doit avoir des sueurs froides...
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.