En exclusivité et avec son autorisation, je reproduis ici le texte de l'intervention de Gilbert Le Bris, député du Finistère, lors des voeux de la section PS de Quimperlé.
Je vous conseille vivement la lecture de ce beau texte à deux voix, celle d'Andersen (en bordeaux et italique) et celle de Gilbert Le Bris (en noir). Ce fut un grand moment pour les personnes présentes, j'espère que cela le sera pour vous aussi.
Il y a de longues années, vivait un empereur qui aimait, plus que tout, les habits neufs, tant qu’il dépensait tout son argent pour être bien habillé. Il ne se souciait pas de ses soldats, ni du théâtre, ni de ses promenades dans les bois, si ce n’était pour faire montre de ses vêtements neufs. Il avait un costume pour chaque heure de chaque jour de la semaine et tandis qu’on dit habituellement d’un roi qu’il est au conseil, on disait toujours de lui « l’empereur est dans sa garde-robe !
Depuis l’année dernière, nous avons un Président qui aime, plus que tout, les réformes neuves, tant qu’il dépense tout notre argent pour réformer. Il ne se soucie ni de ses entreprises, ni de la culture, ni de l’état de son pays, si ce n’est pour parler de ses réformes. Il a une réforme pour tout et l’on dit de lui « le Président est dans sa réforme de la politique de civilisation » !
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Dans la grande ville où il habitait, la vie était gaie et chaque jour beaucoup d’étrangers arrivaient. Un jour, arrivèrent 2 escrocs qui affirmèrent être tisserands et être capables de pouvoir tisser la plus belle étoffe que l’on pût imaginer. Non seulement les couleurs et le motif seraient exceptionnellement beaux, mais les vêtements qui en seraient confectionnés posséderaient l’étonnante propriété d’être invisibles aux yeux de ceux qui ne convenaient pas à leurs fonctions ou qui étaient simplement idiots.
Le roi fut séduit et donna aux escrocs une avance sur leur travail. Ceux-ci firent semblant de travailler… demandèrent la soie la plus fine et l’or le plus précieux.
A L’Elysée où il habitait, au Fouquet’s qu’il fréquentait, la vie était gaie et l’on chassait les étrangers ; un jour pourtant 2 y arrivèrent : un Guéant et un Attali qui affirmèrent être capables des plus belles réformes que l’on pût imaginer. Non seulement elles seraient bien présentées mais même acceptées et défendues par les courtisans de Droite et les gogos de tous bords.
Ils demandèrent à disposer des mots les plus forts et des médias les plus serviles et se mirent au travail.
« Je voudrais bien savoir où ils en sont avec l’étoffe » se dit l’empereur… il dépêcha quelqu’un et pensa : « je vais envoyer mon bon et nouveau 1er Ministre…il est honnête et d’une grande intelligence ! « Celui-ci se rendit auprès des 2 escrocs affairés sur leur métier à tisser vide… » mais « je ne vois rien du tout » se dit-il, se gardant bien de le dire ! Les 2 escrocs l’invitèrent à admirer le métier vide en lui vantant un joli motif et de magnifiques couleurs.
Bien qu’écarquillant les yeux, il ne voyait rien et se dit « serai-je idiot ou inapte à mon travail ? …Il ne faut pas que je raconte que je ne vois pas l’étoffe… le nouveau ministre se fit décrire l’invisible pour bien en parler à l’Empereur ! les escrocs demandèrent bien sûr encore plus d’argent !
Le Président, entre un voyage en Egypte et un autre à Disney se dit… » Je veux savoir où ils en sont de leurs réformes » et je vais envoyer ce bon Fillon !
Celui-ci écouta les bonimenteurs et ne comprenant pas en quoi cela améliorerait le sort des Français, il décida néanmoins de se taire pour ne paraître ni idiot ni inapte à la fonction !
Parlez de Jaurès ou de Blum, utilisez les effets d’annonce, vantez le dialogue social, lui dirent les Guéant et Attali, demandant aussi une augmentation pour eux et leur Président !
Bien sûr ils continuèrent à faire semblant de travailler et dans la ville tout le monde parlait de la magnifique étoffe et l’empereur voulu la voir de ses propres yeux tandis qu’elle se trouvait encore sur le métier.
Accompagné de toute une foule de dignitaires, il alla chez les 2 escrocs qui s’affairaient à tisser sans le moindre fil.
« N’est-ce pas magnifique ! » dit le 1er ministre.
« Comment ! pensa l’Empereur mais je ne vois rien ! C’est affreux ! Serais-je sot ou pas fait pour être Empereur ? « Il se tut puis dit « magnifique, ravissant, parfait » et tous les courtisans, bien que ne voyant rien, dirent de même pour garder leurs potes et leurs prébendes ils lui conseillèrent même de porter ces magnifiques vêtements pour la 1ère fois à la grande fête qui devait avoir lieu bientôt !
Partout, de l’Assemblée à la Télé, du Figaro à l’UMP on ne parlait que de ces magnifiques réformes, que le Président voulut vanter lui-même, accompagné d’une foule de dignitaires, dans une conférence de presse à l’ancienne et à l’Elysée !
Trop fort se dirent les courtisans, se répandant sur toutes les antennes pour dire l’inverse de ce qu’ils disaient la veille et conseillant au Président de porter ses réformes en bandoulière pour les prochaines élections !
Ce jour-là les tisserands escrocs firent semblant d’enlever l’étoffe et dirent « Voyez Majesté, voici le pantalon, voilà la veste, voilà le manteau »… l’empereur enleva tous ses beaux vêtements, et les escrocs firent comme si ils lui enfilaient chacun des pièces du nouvel habit !
« Comme cela va bien. Quels dessins, quelles couleurs » dirent les courtisans !
C’est ainsi que l’Empereur marcha devant la procession, sous le magnifique dais et dans la rue personne ne voulait laisser paraître qu’il ne voyait rien, puisque cela aurait montré qu’il était incapable dans sa fonction ou simplement un sot !
« Mais il n’a pas d’habit du tout » cria un petit enfant dans la foule ! et chacun murmura à son voisin ce que l’enfant avait dit… puis la foule entière se mit à crier » Le roi est nu !… L’Empereur frissonna car il lui semblait bien que le peuple avait raison mais il se dit : « il faut que je tienne bon jusqu’à la fin de la procession ! ». Et le cortège poursuivit sa route et les chambellans continuèrent de porter la traîne qui n’existait pas !
Et l’on vit donc les bonimenteurs Guéant et Attali, auxquels s’étaient joints un groupe de convertis aveuglés, des Besson, Bockel ou Kouchner, affirmer au Président « Voyez Nicolas, voici le tissu de mensonges, voici l’étoffe des reniements, voici la texture des mots vides ! »
L’on vêtit prestement le Président de ses plus belles réformes : « admirez ce tombé du pouvoir d’achat, voyez cette belle mise en pièce des 35h, et la patine de ma croissance contemplez mes entourloupes sur la laïcité », dit à la cantonade le nouveau chevalier servant de Carla !
Et tous les courtisans s’extasiaient « Que vous portez bien ce droit du travail déstructuré, et quels beaux quotas d’immigration… et de pêche… que les franchises médicales ont pris de belles couleurs !
C’est ainsi que le Président s’avança dans la grande fête des élections municipales et cantonales, sous le magnifique bouclier des sondages… et dans la rue des réunions, dans le couloir des rédactions, sur la place des faiseurs d’opinion, personne ne voulait laisser paraître qu’il ne voyait rien, puisque cela aurait montré qu’il s’était laissé aveuglé aux Présidentielles par le clinquant, le bling bling, le strass et les paillettes !
« Mais il n’a pas de réforme du tout ! » cria un enfant au tournant de l’avenue de Mars… et les électeurs murmurèrent « Le roi est nu ! »
Bien sûr lui et ses courtisans ramassèrent une veste aux élections… mais Nicolas se dit « Il faut que je continue à faire du vent jusqu’à la fin de mon mandat ! »… et le cortège des faux-semblants poursuivit sa route et les militants UMP continuèrent de parler de réformes qui n’existaient pas ! Cela dura jusqu’aux Présidentielles où c’est le peuple entier qui leur dit qu’ils pouvaient aller se rhabiller !
Voilà Andersen avait tout compris et moi je vous souhaite une Bonne Année 2008 où vous n’oublierez pas de bien ouvrir les yeux et d’expliquer à ceux qui ne voient pas clair !
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