Le discours de Nicolas Sarkozy, Jeudi dernier, était très attendu. Il devait montrer si "l'opération Grenelle" était légitime ou non.
Pour autant, malgré les concerts de louanges entendus à la sortie de l'Elysée, je ne peux m'empêcher d'être sceptique sur l'issue réelle de ces débats et ce pour quatre raisons : communication politique, thèmes oubliés ou minorés, absence d'engagements financiers et enfin gouvernance.
Commençons par la communication politique, car c'est une interrogation majeure. Est-ce seulement un show politique ? A priori non, mais tout de même, un grand nombre de décisions sont renvoyées à l'après élections municipales. Il ne faudrait pas que la "révolution verte" -thème de campagne de Dominique Voynet- ou que le gel des OGM et le plan d'isolation des bâtiments -propositions de Ségolène Royal- durent le temps d'un hiver et qu'au printemps, les élections passées, nous ne découvrions l'herbe moins verte que dans nos songes hivernaux.
Comme le notait Louis Le Pensec à l'issue du discours, "nous avons franchi un pallier dans la prise de conscience de la gravité de la situation". Cependant, il soulignait que le mot mer n'a pas été prononcé. Je note aussi que la réforme de la politique agricole n'a été qu'esquissée. Ainsi, la régionalisation et la modulation des aides de la PAC n'est toujours pas à l'ordre du jour. De même, les instruments d'une nouvelle politique foncière sont ignorés (Etablissements Publics Fonciers). Sans parler du nucléaire, qui est, d'autorité, sorti de la sphère du débat. Je pourrais ainsi multiplier les thèmes sur lesquels, faute d'engagements précis, il faudra que nous soyons vigilants.
La grande zone d'ombre de ce discours ce sont les moyens financiers. Peu ou pas de moyens fléchés pour répondre aux objectifs ambitieux des plans d'action annoncés. Ainsi, pour ce qui est du plan bâtiments, il est annoncé que les mesures doivent être financées par les économies d'énergies qu'elles engendreront, ce qui est insuffisant pour impulser une dynamique. Mais surtout, il est à craindre que l'Etat se défausse sur les collectivités locales pour financer des politiques qu'il se contenterait de rendre obligatoire. L'exemple des repas bio dans les cantines publiques est flagrant. Nicolas Sarkozy "engage naturellement les régions à faire de même". Certes, et la Région Bretagne mène un travail sur ce sujet à partir d'une demande du Lycée de Kerneuzec, mais avec quels moyens ? Là encore, la vigilance est de mise pour que des moyens concrets soient au rendez-vous.
Enfin, j'apprécie à leur juste valeur la volonté de pérenniser l'instance de dialogue des cinq (Etat, associations, syndicats de salariés, patronat, élus locaux), comme la nommination de représentants des associations environnementales au Conseil Economique et Social ou la volonté d'intégrer le Parlement dans ce débat. Cette institutionnalisation des acteurs environnementaux a été pratiquée depuis longtemps par les collectivités locales, elle doit ête poursuivie. Mais je constate qu'aujourd'hui encore les plans d'action n'incluent pas de réflexion sur les niveaux de responsabilité des acteurs. Qui fait quoi ? Cette question est pourtant cruciale, car elle seule permettra de juger des résultats des ambitions affichées en toute transparence.
Au final, il est clair qu'une dynamique est lancée et qu'il faut que la société s'approprie désormais le débat. Ni refus dogmatique, ni angélisme, je crois que le bon terme c'est chiche !
Une fois n'est pas coutume, je vous propose de télécharger ici le discours de Nicolas Sarkozy pour que vous puissiez juger sur pièce tout au long des mois à venir.
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