Le blog de Nicolas Morvan

Les sentences de Bayrou

Aujourd'hui François Bayrou a fait savoir que son choix était de ne pas choisir tout de suite ! Ce non-choix de Bayrou n'est pas une surprise, il n'en est pas moins incohérent au vu du danger qui nous guête et qu'il pointe pourtant.

Car il a été très sévère avec Nicolas Sarkozy. Ce n'est pas un mystère, ces deux hommes sont de droite, mais ne s'aiment pas, loin s'en faut (suivez le lien c'est instructif).

Extraits des sentences de François Bayrou sur Nicolas Sarkozy : "Par sa proximité avec les milieux d’affaires et les puissances médiatiques, par son goût de l’intimidation et de la menace, [il] va concentrer les pouvoirs comme jamais ils ne l’ont été (…) Par son tempérament et les thèmes qu’il a choisi d’attiser, il risque d’aggraver les déchirures du tissu social, notamment en conduisant une politique d’avantages aux plus riches (…) Je pense qu’il y a des ressemblances entre Berlusconi et Nicolas Sarkozy."

Je vous passe ses commentaires sur les Hauts-de-Seine et la manière dont ce département est gouverné. Nous on le dit depuis plus de 5 ans, mais comme il faut avoir de l'humilité, si la voie de François Bayrou peut porter...

Vous me direz, pour un centriste, ne pas choisir de rallier la droite c'est déjà faire un choix très lourd. Je crois en effet que l'attitude du Président de l'Udf est de nature à troubler ses électeurs, à les faire réfléchir. Au risque de me répéter, ce n'est pas un choix anodin qui nous attend le 6 mai, c'est la préservation -ou non- du pacte républicain qui sortira des urnes.

Déclaration de Ségolène Royal

1er tour : Déclaration Segolene Royal
envoyé par PartiSocialiste

Soirée électorale

Début de la soirée électorale. En route pour le 6 mai !

Pour l'heure les chiffres nous donnent en n°2 et le 21 avril est derrière nous. Mais rien n'est joué et la qualification au 2nd tour n'était pas l'essentiel. L'essentiel c'est la transformation de la France et là, rien n'est joué puisqu'il nous faudra convaincre les forces de progrès de se rassembler encore plus largement sur la candidature de Ségolène Royal.

En tout cas à Moëlan, ville dirigée par l'Ump, nous sommes en tête avec 28,24% contre 26,17% à Sarkozy. C'est déjà une bonne nouvelle !

Et vous, que pensez-vous du verdict des urnes ?

Bon choix !

Dimanche, avec votre choix, notre choix, nous allons clore une période politique commencée, pour moi, en 1995 (mais je suis jeune, je sais). C'est la période Chirac.

1995, l'incompréhension s'est installée entre la droite de Balladur et les citoyens. La question sociale est négligée, la dette file, file, file, la jeunesse est méprisée (CIP - slogan : "Papa, j'ai trouvé un emploi - Le tien !")... Jacques Chirac comprend et s'empare de l'étendard de la lutte contre la fracture sociale. Lionel Jospin, candidat de socialistes en pleine convalescence à la sortie du deuxième septennat de François Mitterrand, dégaine le droit d'inventaire et cherche à réhabiliter la parole politique : "Avec Jospin c'est clair".

Chirac élu, la France s'attend à ce que Philippe Séguin prenne les commandes à Matignon pour mener une politique inspirée du gaullisme social. Nous aurons Alain Juppé, droit dans ses bottes. C'est l'échec. Chirac annonce en Juin la reprise des essais nucléaires (slogan : "Ta mère est tellement irradiée qu'elle vote Chirac" ou "Avec Chirac la bombe pour tous"). Le décalage entre le discours et les actes est terrible. En Octobre, les universités se mettent en grêve, avec quelques amis j'animerais le mouvement en Finistère. En Novembre, les cheminots nous rejoignent contre les réformes "sociales" (sic) du gouvernement, très vite un mouvement social massif paralyse la France.

Un vote conscient

Ségolène Royal : "Face à la Une", TF1, PPDA - kewego
le 18/04/07

Ségolène Royal : "Face à la Une", TF1, PPDA, questions Internet - kewego
le 18/04/07

Ségolène Royal : "Question ouverte", France 2, Arlette Chabot - kewego
le 19/04/07

Ruptures

Avez-vous réussi à vous procurer le numéro spécial que consacre l'hebdomadaire Marianne à Nicolas Sarkozy ? Il paraît que les 300 000 exemplaires mis en vente se sont arrachés comme des petits-pains. Encore un signe que la campagne passionne les Français et que le candidat sortant les interroge (euphémisme).

Je ne sais pas trop d'où ça vient, mais j'ai reçu par mail le livre de Serge Portelli, Ruptures, que vous pouvez consulter en ligne ici ou télécharger dans la suite de la note.

Serge Portelli est magistrat, vice-président au tribunal de Paris, président de la 12e Chambre correctionnelle, membre du Syndicat de la Magistrature. Il a été conseiller du Président de l'Assemblée Nationale. Auteur de nombreux ouvrages, il avait préparé Ruptures, en dressant le bilan sans concession de 5 ans de gouvernement Sarkozy et réfutant la plupart des fausses évidences fondant sa politique de sécurité.

Visiblement son éditeur a reculé et souhaite le publier après les élections. Mais après il sera trop tard !

Dans la suite de la note vous pourrez télécharger le livre.

Solidarité

Ce soir j'ai participé, avec une trentaine de citoyens de la région de Quimperlé, à la réunion du Comité de soutien à la famille Menjadeu.

Arrivée du Cameroun en région parisienne en 2003, puis installée dans le Finistère en 2005 pour des raisons professionnelles, la famille Menjadeu compte deux enfants. L’aînée est scolarisée en maternelle à Quimperlé.

Monsieur Menjadeu est officier mécanicien de la marine marchande. Pourvu d’un titre de séjour provisoire, il a travaillé à Concarneau et, devant valider sa formation pour être chef mécanicien, il a entrepris une formation complémentaire à Lorient. Mais, titre de séjour non prorogé, le voilà qui doit interrompre cette formation et se retrouve expulsable.

Il a pourtant une maîtrise parfaite du français, un logement, une qualification (diplôme reconnu par le Ministère de la Mer et livret professionnel maritime français), un emploi (plus une promesse d’embauche).

L'expulsion de cette famille serait un non-sens et son cas doit être réexaminé, c'est en tout cas ce que demandent les signataires de la pétition du Réseau Education Sans Frontières, que vous trouverez ici.

Dans ce domaine, je suis de l'avis de Michel Rocard : "La France ne peut accueillir toute la misère du monde, mais elle doit savoir en prendre sa juste part".

Et pendant ce temps là au FN

Nous entrons dans les derniers jours du 1er tour et l'angoisse est présente : Et si nous revivions un 21 avril 2002 ? Il y a le bon accueil sur les marchés, dans les porte-à-porte, mais si nous nous trompions ? Le Pen ressurgit...

Le FN a tenté de se donner un nouveau visage en attirant de nouveaux électeurs par une opération de dédiabolisation : affiche présentant une jeune beur, Le Pen républicain à Valmy, Le Pen défenseur des modestes et des sans grade, Le Pen et Dieudonné, Le Pen et les habitants de la Dalle d’Argenteuil.

Mais derrière cette image, si l’on regarde le programme du FN, on constate que les mêmes obsessions demeurent : immigration, fondements antisémites, domination d’une pseudo-race, détestation des politiques sociales, etc.

5 ans après le 21 avril 2002, l'omniprésence de Le Pen est une insulte à la République et au bilan du Président élu le 5 mai 2002. Son mandat n'était-il pas de s'attaquer aux causes du vote FN ? Ce mandat n'était-il pas partagé par sa majorité présidentielle à l'Assemblée Nationale ? Force est de constater que ces 5 dernières années sont à ce titre de longues successions de rendez-vous ratés : réforme de la Justice, probité du pouvoir d’État, action contre la fracture sociale, promotion concrète de la citoyenneté, décentralisation bâclée, pouvoir clanique, etc.

Aujourd'hui, nous voyons les deux apprentis sorciers de la Droite mener des campagnes qui surfent sur les thèmes de Le Pen. François Bayrou c'est le coup de pied dans le système, Nicolas Sarkozy c'est le raccompagnement à la frontière. On voit le résultat : les électeurs Le Pen se sentent confortés dans leurs analyses et donc dans leur vote.

Loin d'exonérer la gauche, je crois qu'elle doit faire du combat pour la démocratie et pour la tolérance un de ses premiers combats avec l'emploi. Si nous ne réussissons pas à remobiliser nos concitoyens, à leur redonner confiance dans le seul outil qui existe pour dominer leur destin collectif, à savoir la politique, nous aurons échoué.

Absurde

Dans cette campagne, nous avions eu les appels de hauts fonctionnaires ou ex-fonctionnaires à s'allier avec l'Udf, sous le nom de Spartacus ou de Gracques. Ce qui les motivait semble être l'acceptation par les socialistes non seulement des règles de l'économie libérale, mais aussi des valeurs du nouveau capitalisme.

On peut comprendre ce positionnement tant ses auteurs ressemblent plus à des Gracques 40 qu'à des esclaves essayant de se libérer de leurs maîtres.

Mais, Vendredi 13 aidant, Michel Rocard a décidé d'apporter sa pierre à ce triste exercice de déconstruction du clivage droite-gauche. D'aucuns diront que cela est maladroit ou mal interprété. Je crois pour ma part qu'en lançant son appel à l'alliance entre Ségolène Royal et François Bayrou dès le 1er tour, Michel Rocard portera une responsabilité historique, celle de la confusion.

En effet, il nous propose ni plus ni moins que de tirer un trait d'égalité entre Ségolène Royal, sa personnalité, ses valeurs, ses propositions et François Bayrou. Comme si l'une valait l'un et réciproquement. Mais dans quelle démocratie Michel Rocard a-t-il trouvé pareille équation ? Et surtout dans quels actes et quelles propositions de François Bayrou a-t-il trouvé pareille proximité ?

Ségolène Royal a écarté tout de suite l'alliance avec la voiture-balais de la droite en déclarant : "Un certain nombre de candidats ont intérêt à la confusion. Ils ne veulent pas la confrontation des projets car ils seraient obligés de rendre des comptes sur le bilan. Moi, je veux rassembler au deuxième tour toute la gauche, et au-delà tous ceux qui veulent que cette élection soit utile, tous les électeurs républicains et humanistes."

Mais la leçon de la campagne de Chirac en 1995, celle de la fracture sociale (on allait voir ce que l'on allait voir), ne semble pas avoir portée. Certains continuent de prendre des vessies pour des lanternes !

Dans la suite de la note vous trouverez un petit aperçu argumenté sur la personnalité de François Bayrou.

Aristocratie

Dans son dernier livre, Le Monde comme je le vois, Lionel Jospin déplorait l'émergence d'un "groupe de privilégiés" qu'il baptisait "nouvelle aristocratie" et qu'il opposait à la "masse des salariés" contraints de "faire des sacrifices".

Il parlait d'une "sorte de caste qui mêle les habitudes de l'ancienne bourgeoisie et les réflexes neufs d'une couche conquérante". Elle se compose d'une "alliance implicite entre des grands dirigeants d'entreprise, des financiers, des cadres élevés de l'industrie et des services, certains hauts fonctionnaires de l'Etat et des privilégiés des médias". "Ce groupe enjoint aux autres catégories sociales de faire des sacrifices" en expliquant qu"'il faut inévitablement réduire les coûts de production" et "réduire la taille de l'Etat-providence".

Or, en retour, "on ne saurait toucher aux profits, imposer davantage le capital, limiter les salaires extravagants" de cette "nouvelle aristocratie", déplore-t-il. "Patrons et managers, loin de s'appliquer à eux-mêmes la culture du risque qu'ils professent, construisent à leur propre profit des mécanismes hautement protecteurs (ces fameux golden parachutes)". Pour Jospin, ce "contraste divise l'entreprise et la nation".

Aujourd'hui, nous apprenons que l'ancien PDG d'Airbus et co-président du groupe EADS, Noël Forgeard, a touché plus de 8,5 millions d'euros à son départ de la société en juillet 2006. L'Etat, étant actionnaire du groupe, a forcemment autorisé le versement de telles indemnités.

Faut-il rappeler que le plan Power 8, justifié par la mauvaise santé d'EADS, prévoit 10 000 suppressions d'emplois à Airbus !

Face à un tel cynisme, on se demande si les mots suffisent. Je crois que Noël Forgeard est le symbole même de ce que décrivait Lionel Jospin. Les plus-values qu'il a réalisées à l'occasion des cessions de parts intervenues avant l'annonce des difficultés d'Airbus doivent être rendues, de même que ces indemnités de départ exorbitantes.

Ségolène Royal a eu raison de l'exiger tout en rapellant son engagement d'encadrer par la loi le montant et les conditions de versement des rémunérations des dirigeants, en particulier les stock-options et les indemnités de départ de toutes natures.

Mais il faut aussi en assurer la pleine transparence, donc la publication obligatoire. Il est anormal de connaître plus de 6 mois après le montant de ces "indemnités". 8,5 millions d'euros peuvent donc se déplacer sans un bruit ?