Une grève du lait a été lancée le 10 septembre 2009 par des producteurs de lait de toute l’Europe, afin de protester contre la libéralisation de leur production. Cette action est très suivie en Bretagne, notre région s’étant déjà illustrée dans un mouvement dur à la veille de l’été. A l’époque, de nombreux conseils municipaux ou communautaires avaient marqué leur solidarité avec les paysans.
En effet, les quotas, mis en place en 1984, sont un mécanisme efficace de régulation de la production afin d’assurer une certaine stabilité du marché et donc un prix rémunérateur. Le bilan de santé de la PAC, mené en 2003, avait d’ailleurs conclu au maintien des quotas jusqu’en 2015, sans préciser ce qu’il adviendrait ensuite. Brutalement, sous la présidence française de l’Union européenne, la commissaire européenne à l’agriculture, a proposé de stopper les quotas plus vite et de libéraliser le marché. L’Allemagne et l’Autriche s’y sont opposés immédiatement, la France s’est tue… D’où la situation actuelle, à laquelle il faut ajouter l’effet franco-français de la Loi de Modernisation de l’Economie, qui, appliquée là encore brutalement par la Direction Générale de la Concurrence de la Consommation et de la Répression des Fraudes (Dgccrf), a rendu caduc l’accord national sur le prix du lait. Ces facteurs cumulés ont fait chuter le prix payé aux producteurs dans des proportions qui ne laissent aucune chance de survie à nombre d’entre eux.
Les paysans se battent donc pour se faire entendre par le gouvernement, pour qu’une régulation soit à nouveau mise en place et qu’il soit réaffirmé que les règles du marché ne peuvent s’imposer froidement à l’agriculture.
A leur demande, j’ai proposé à l’ensemble de mes collègues du Pays de Quimperlé (16 communes) de lancer une opération “Mairies mortes” ce Lundi 5 octobre, jour d’une importante réunion des ministres de l’Agriculture de l’Union Européenne. Tous ont immédiatement accepté et c’est ceints de nos écharpes de maires que nous avons annoncé l’opération lors d’une conférence de presse à Mellac Mercredi dernier. En effet, le lait fait vivre 315 producteurs sur le Pays de Quimperlé, soit 53% des exploitations agricoles, pour un chiffre d’affaire estimé de 26 millions d’euros, c’est dire la hauteur de l’enjeu. Cet accord, transcendant les clivages politiques, est assez rare. Nous voulions montrer notre solidarité avec les producteurs, mais surtout dire que la question du lait n’est pas qu’une question professionnelle. Le lait structure nos paysage, fait vivre nos campagnes et irrigue nos industries agroalimentaires. Il s’agit donc bien d’une question d’aménagement du territoire, au travers d’un prix qui reconnaisse la multifonctionnalité de l’agriculture.
Si demain les agriculteurs n’avaient pas gain de cause, qu’adviendrait-il de nos paysages, de nos champs, de notre biodiversité ? Serions-nous condamnés aux friches dans l’espace rural et aux produits standardisés pour les consommateurs ? Ce Lundi, un pic-nique de soutien est proposé au bourg de Mellac à partir de 11h.
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