J'ai raté l'intervention de Nicolas Sarkozy à la télévision Jeudi soir. Mais j'avais une bonne excuse, c'était le Conseil communautaire d'adoption du budget 2009.
Il s'est d'ailleurs bien passé. Nous étions à mille lieux des ces articles "de lecteurs" sentant bon le poujadisme dont on nous abreuve ces derniers temps. Loins aussi de ces "billets", qui confondent les dégâts de la politique du gouvernement et les soit-disant atermoiements des élus locaux, essayant de faire oublier les premiers en fantasmant les seconds.
J'ai cependant lu les compte-rendus de l'intervention présidentielle et je suis toujours aussi interrogatif sur l'annonce de la suppression de la Taxe Professionnelle (TP) pour 2010. Laissons de côté la question des chiffres (8 milliards, 30 milliards, 11 milliards...). En septembre 2008, dans son discours de Toulon, Nicolas Sarkozy annonçait sa volonté de supprimer la TP. En soit, pourquoi pas ? Mais encore faut-il dire par quoi on remplace cet impôt économique. Ce qui est surprenant c'est que plus de 4 mois après sa première annonce, le Président de la République en soit toujours à des hypothèses.
L'une de celles avancées pose d'ailleurs quelques questions, il s'agit de la Taxe Carbone (TC). En soit, pourquoi pas ? Mais raisonnons par l'absurde. La Constitution prévoit l'autonomie fiscale des collectivités. Elles doivent pourvoir disposer de leviers fiscaux leur permettant de subvenir à leurs besoins et, en quelque sorte, être libres de dimensionner leurs projets et donc leur fiscalité. L'Etat ne peut donc pas lever une taxe carbone au niveau national pour ensuite la répartir. Ainsi, cette TC doit être territorialisée. Première question : qu'adviendrait-il des territoires qui mèneraient des politiques vertueuses en matière environnementale ? Ils tariraient leur source de financement en diminuant la pollution ? Seconde question : les bassins sidérurgiques deviendraient subitement riches, pendant que l'Ile-de-France et particulièrement les Hauts-de-Seine s'appauvriraient. Neuilly tremble !
Plus sérieusement, il y a fort à craindre que nous assistions, sur la Taxe Carbone, sur la base d'une idée généreuse, à un transfert déguisé de fiscalité des entreprises vers les ménages. La vigilance est donc de mise. Par contre, si l'annonce présidentielle de suppression de la Taxe Professionnelle marque le départ d'une réforme globale de la fiscalité locale, il faut dire chiche, car celle-ci est inadaptée et injuste. On peut cependant se demander si le moment est bien choisi au beau milieu d'une crise qui nécessite la mobilisation des collectivités. De même, la méthode est extrêmement condamnable, car elle désigne les collectivités comme un acteur de la crise et que l'annonce se fait, comme d'ailleurs celle du Plan de Relance et de ses 1000 chantiers, sans concertation avec l'acteur majeur de l'investissement public dans notre pays.
Nicolas,
Tu as raté un très grand moment, tu aurais sans doute pu en tirer des leçons en termes de communication et de maîtrise des dossiers.
Heureusement, dans la salle de l'Elipse, nombreux ont été les personnes à se lever pour quitter le conseil communautaire et se presser devant leur petit écran.
Et puis tu devrais être content, ces annonces du président vont te permettre d'argumenter (faux arguments entre nous) les augmentations que tu prépares pour les habitants de la COCOPAQ et ceux de Moëlan sur mer.
Rédigé par : albert | 08 février 2009 à 08:20
J'étais aussi sur France 2 pour regarder notre très cher président ... et j'ai oscillé entre colère envers les journalistes vraiment très consensuels (bon il paraît qu'ils n'ont pas le choix), interrogations et sensation d'être menée en bateau.
ce qui est sûr, c'est qu'à force de détruire tous les lieux de formation du citoyen en leur coupant les moyens, et en abordant tant de sujets différents sans aller au bout de quoi que ce soit, je me suis dit qu'il nous faut rentrer en résistance et former des citoyens capables de lui tenir tête parce qu'ils comprennent ce qu'il dit.
Amis de l'éducation populaire, levez vous !
Rédigé par : Christine et Cyril MARTIN | 08 février 2009 à 23:36