Enfin, les responsables du naufrage de l'Erika et de la marée noire qui s'en était suivie ont été condamnés. Huit ans après la catastrophe, le tribunal correctionnel de Paris a déclaré que Total s'était rendu coupable de "pollution maritime" et d'une "faute d'imprudence".
Cette imprudence a joué "un rôle causal dans le naufrage et comme telle a provoqué l'accident". Total, qui avait affrété le bateau, n'a pas tenu compte de son âge, près de 25 ans, et de "la discontinuité de sa gestion technique et de son entretien". Même sévérité envers la société de classification Rina, ainsi qu'avec l'armateur G. Savarese et le gestionnaire du pétrolier, A. Pollara. Selon le tribunal, les deux Italiens ne pouvaient pas ignorer que les travaux de réparation du navire avaient été conduits de manière à "réduire les coûts".
Premier procès devant statuer en France sur les conséquences d'une catastrophe écologique de cette ampleur, le verdict est à la hauteur des espérances des parties civiles, et notamment des ONG et des collectivités, qui se félicitent de la reconnaissance du "préjudice écologique". Dans la continuité de la Loi Le Bris sur les dégazages, nous assistons à l'affirmation d'une justice de l'environnement.
Mieux, la reconnaissance du "vivant non commercial" est établie. L'enjeu est de taille, car en reconnaissant l'existence de ce droit, le tribunal consacre juridiquement le respect de la biodiversité.
La Région Bretagne, qui s'était portée partie civile dans ce procès, a réagi par la voix de Marylise Lebranchu : "la responsabilité pénale de tous les opérateurs de l’affrètement de l’Erika a été reconnue par le tribunal. C’est un signal fort envoyé à tous les navires poubelles qui navigueront au large de nos côtes. C’est bon pour la France mais aussi pour tous les pays européens qui pourront, à partir d’aujourd’hui, s’appuyer sur cette jurisprudence."
Dommage qu'avec un montant de "seulement" 192 millions d'euros, les réparations ne représentent qu'une semaine de bénéfices pour le groupe Total...
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