Vendredi, la session budgétaire du Conseil Régional de Bretagne a été l'occasion de revenir sur nos politiques en faveur de l'environnement.
A l'ouverture de la session, Jean-Yves Le Drian a mis en avant l'action juridique de la Région dans l'affaire de l'Erika : "Lundi prochain s'ouvrira le procès de l'Erika, sept ans après le naufrage dont nous gardons tous le souvenir douloureux et l'indignation intacte. La Bretagne a été souillée, elle demande réparation. Ce sera la première fois en France qu'un procès maritime se tiendra au pénal, ce sera la première fois aussi que le concept de préjudice écologique sera mis en avant".
Pour ma part, j'ai eu l'occasion de remettre en perspective nos actions environnementales en intervenant au nom du groupe socialiste.
Dans la suite de la note, vous trouverez mon intervention d'hier.
Vous pouvez aussi la trouver sur le site internet du groupe socialiste ici.
Monsieur le Président,
Permettez-moi de construire mon intervention autour de 5 axes :
La lutte contre le dérèglement climatique,
L'action collective pour sauvegarder la biodiversité,
Le combat contre les pollutions et la préservation de la santé,
L'objectif de faire de l'eau un enjeu partagé,
Le renforcement de la gouvernance de l'environnement.
Ces axes ont été mis en avant par la Conférence internationale pour une gouvernance économique mondiale, qui s'est tenue à l'initiative de Jacques Chirac.
Cette conférence est importante. Comment ne pas souhaiter que se mette en place une structure mondiale, adossée à l'ONU, pour lutter en faveur de l'environnement ?
Je souhaite les reprendre pour montrer que nos actions régionales s'inscrivent dans une perspective plus large que la seule action bretonne. La géographie administrative ne résume pas à elle seule les réalités environnementales.
Sur le 1er axe, le dérèglement climatique, force est de constater qu'il est d'actualité si l'on songe aux conclusions du Groupe International d'Experts sur le Climat :
la température moyenne de la terre devrait croître de 1,4 à 5,8°C d'ici la fin du 21ème siècle,
les conséquences du réchauffement pourraient provoquer la migration de plus de 200 millions de personnes.
Le climat change sous l'effet de l'action de l'homme, ce constat scientifique fait aujourd'hui consensus. Il soulève la question du coût de l'inaction. Le récent rapport STERN chiffre ce coût à 5 500 milliards d'euros.
Nous avons le sentiment que notre politique environnementale répond à cet enjeu au travers des volets du Plan Energie, ceux adoptés et ceux à venir. Mais ils ne sont pas seuls, je pense ici à la charte que nous avons adoptée sur la qualité du bâti pour les lycées, aux orientations énergétiques de notre politique agricole, aux contrats de pays et nous en avons débattu hier, à notre soutien au train, le TER pour faire préférer le train à la voiture, le TGV pour faire préférer le train à l'avion.
Concernant le 2ème axe, la sauvegarde de la biodiversité :
Dans le monde près de 30 000 espèces vivantes, terrestres ou marines, disparaissent chaque année et à ce rythme, 50% des espèces pourraient disparaître d'ici 2100.
La biodiversité, patrimoine commun de l'humanité, assure les fonctions indispensables à toutes les formes de vie ; et cette crise sans précédent est qualifiée par les spécialistes de "sixième grande extinction".
Le Schéma Régional du Patrimoine Naturel et de la Biodiversité que nous examinerons durant cette session -et qui vient après la création des Espaces Remarquables- est une étape, de bilan et de propositions d'action, extrêmement forte. Elle nous met en situation d'aborder ce problème capital pour l'humanité, mais aussi pour l'image de la Bretagne et la qualité de vie des bretons.
J'insiste aussi sur notre action vis-à-vis du Conservatoire du Littoral. Elle est appréciée et nous aurons l'occasion d'y revenir à l'occasion de la présentation de la nouvelle convention cadre courant 2007. Je veux aujourd'hui, au risque de relancer le débat sur l'Etablissement Public Foncier, revenir sur le soutien que l'EPF enfin réalisé pourra apporter au Conservatoire du Littoral. Il y a urgence, au vu du coût du foncier, si nous voulons atteindre l'objectif du Tiers Naturel sur nos côtes.
Sur la lutte contre les pollutions et la préservation de la santé :
l'OMS estime qu'une exposition de longue durée à certaines particules présentes dans l'air est la cause de 280 000 décès prématurés par an,
en France, les pesticides sont présents dans 96% des points de mesures retenus pour les eaux superficielles et 61% pour les eaux souterraines,
Le Plan Régional sur la Qualité de l'Air, qui s'achemine vers l'operationnalité avec la commande d'un cadastre de la pollution de l'air en région, permettra de renforcer notre vigilance sur ces questions. Mais c'est bien sur la qualité de l'eau que les bretons nous attendent.
Sur l'eau :
2 millions d'enfants meurent chaque année de maladies liées à l'eau,
La Préfecture de Région nous propose de maintenir l'ensemble de la Bretagne en zone vulnérable au sens de la directive « Nitrates » pour les 4 ans qui viennent.
La France risque aujourd'hui une lourde condamnation au vu de l'état de 15 bassins hydrographiques bretons.
En mettant en place une réflexion sur la solidarité internationale que nous pouvons exercer dans le domaine de l'eau, nous jouons un rôle de sensibilisation au niveau des collectivités et des associations bretonnes. En proposant un nouveau Contrat pour l'Eau, nous faisons des propositions volontaristes. Nous sommes incompétents dans ce domaine, mais pour autant nous souhaitons épauler les acteurs.
Enfin, concernant la gouvernance environnementale :
En souhaitant intervenir pour la mise en place de structures de pilotage des SAGE, nous favorisons la mise en place d'une véritable gouvernance de l'eau. Cela permettra demain aux citoyens d'identifier les structures et les responsables des politiques de l'eau sur leur bassin. Cela amplifiera les bonnes pratiques que nous voyons poindre dans les contrats de SAGE.
Enfin, en confortant les missions de Bretagne Environnement, en mettant en place un Observatoire de l'énergie et en appuyant l'éducation à l'environnement, nous favorisons non seulement la culture environnementale, la connaissance partagée, mais aussi le dialogue et donc, in fine, le consensus.
Consensus. A l'heure où l'urgence écologique fait la une des médias et devient une préoccupation forte de nos concitoyens, il est de bon ton de faire apparaître un consensus en matière environnementale.
« La maison brûle, mais j'ai le sentiment que nous en sommes encore à nous demander où sont les extincteurs » déclarait récemment le Président de la République.
En faisant cette intervention, j'ai voulu vous démontrer mes chers collègues que nous n'avons peut-être pas trouvé tous les extincteurs, mais que nous sommes en bonne voie...J'en veux pour preuve les excellents résultats de l'Eco-Faur : 12 millions d'euros, 286 dossiers, dont 50% émanant de communes de moins de 2 000 habitants.
Monsieur le Président, Chers collègues, En toute logique, de tels résultats, une telle volonté, devraient faire ici aussi consensus, car si, sur les plans international et national, on en est, malheureusement, encore à l’incantation, ici en Bretagne, nous agissons !
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