Interview d'Isabelle Thomas

Isabelle Thomas, candidate en 3^e position sur la Liste PS du Grand Ouest pour les élections européennes du 7 juin 2009. Elue locale à Saint Malo, elle est présidente de la Commission Environnement du Conseil Régional de Bretagne.

Où en est l’Union Européenne en 2009 ?

Parce que les règles du jeu économique sont aujourd’hui celles de la spéculation, nous affrontons 5 grandes crises : financière, alimentaire, écologique, énergétique et enfin économique et sociale. Dans l’économie mondialisée de ces groupes financiers et industriels que nous connaissons, que la crise rendra plus puissants encore, l’Europe est le niveau de régulation pertinent.

L’Europe peut donc être une bonne nouvelle, pour peu qu’elle se politise et devienne un vrai instrument démocratique. Mais être le bon niveau de décision ne suffit pas. Encore faut –il que le projet politique majoritaire ne soit pas celui de la concurrence libre et non faussée et des paradis fiscaux.

Que peut faire la gauche dans ces élections ?

La gauche a une chance historique le 7 juin prochain: gagner la majorité au Parlement européen, ceci grâce notamment à un programme commun, le Manifesto. L’Europe a connu 30 ans de paix et de prospérité durant lesquels sa construction exigeait le consensus. Mais à partir des années 1990, l’Europe, confrontée à la crise, n’a pas utilisé les outils économiques à sa disposition. Depuis 10 ans, une majorité conservatrice est aux commandes, considérant le marché comme LE principe politique et utilisant les instances européennes pour cacher son libéralisme, mentant ainsi aux citoyens de ses pays respectifs.

2 exemples :

• Le 16 février 2006, la fameuse directive Services, soumettant notamment l’éducation, la gestion de l’eau et les services postaux au libre marché a été votée par la droite, notamment Ambroise Guellec, Roselyne Bachelot (UMP) et Marielle de Sarnez, Philippe Morillon (Modem).

• Le 31 janvier 2008, un amendement est déposé par les députés socialistes pour garantir le financement du service universel du courrier, à savoir la possibilité pour chaque citoyen européen d’avoir accès au service postal quel que soit son lieu de vie. L’UMP et le Modem ont voté contre, acceptant ainsi la disparition des services du courrier là où ils ne sont pas rentables.

Le nouveau contexte mondial a mis fin au compromis historique passé avec la droite, le temps d’un projet alternatif est venu ! Le Manifesto, voté le 1^er décembre 2008 à Madrid par les 27 partis du Parti Socialiste Européen (PSE) s’articule autour du principe de mettre l’homme au cœur du projet européen, première condition de la réconciliation du citoyen avec l’Europe.

Concrètement, que contient le programme commun du PSE ?

Parmi plus de 300 propositions, 2 exemples concernant particulièrement les Bretons :

La Bretagne nourrit la France mais aussi une partie de l’Europe. Hors si l’objectif initial de l’indépendance alimentaire de l’UE est considéré depuis longtemps comme atteint, l’augmentation des prix, les exigences de la sécurité sanitaire modifient la donne. La proposition 68 vise à concilier une juste rémunération du producteur, la structuration de l’espace rural et la protection de l’environnement.

Ici, la solidarité est une valeur essentielle : les Bretons tiennent à leurs hôpitaux, leurs tribunaux, leurs postes, leurs écoles. La proposition 15 fixe un cadre européen pour les services publics, pour un accès universel et égalitaire pour tous. Les règles de la concurrence ne pourront plus s’opposer aux droits des citoyens.

Un dernier mot pour lancer cette campagne ?

Si les premières années de l’Europe justifiaient qu’on lui passe tout, un peu comme un enfant, pour ne pas contrarier sa construction, désormais l’Europe est une institution adulte que personne ne remet plus en cause. Le temps est donc venu de faire de l’Europe une instance politique comme Les autres. La tâche peut apparaitre immense mais nous sommes confrontés à une obligation de résultats car « l’histoire ne repasse pas les plats ».