Ainsi, les 35 heures seraient responsables de la faible croissance en raison de leur coût excessif, des contraintes qu'elles font peser sur les entreprises et des blocages qu'elles engendrent pour travailler davantage. Elles seraient le symbole d'une France paresseuse, ayant choisi de privilégier le loisir et le farniente et qui s'étonne de voir son pouvoir d'achat s'éroder.
Pourtant, cette mesure a créé de l'emploi. Selon l'Insee et la Dares, les 35 heures sont responsables d'environ 350 000 emplois supplémentaires sur l'ensemble de la période 1998-2002. De plus, au-delà de l'effet "partage de l'emploi", elle a permis d'accroître le nombre d'heures salariées travaillées. Entre 1992 et 1998, plus de 400 millions d'heures de travail ont été supprimées. Alors qu'entre 1998 et 2002, le nombre d'heures de travail salarié a progressé de 800 millions. Nous sommes loin du farniente.
Mais alors, les 35 heures seraient-elles responsables de la stagnation des salaires ? Pas plus, ou plutôt pas vraiment. Le SMIC a augmenté très fortement sur 7 ans, pour mettre le SMIC 35 heures au niveau du SMIC 39 heures. Mais c'est sa valeur horaire qui a augmenté et non pas la somme mensuelle perçue. Il y a donc une réelle stagnation, notamment pour les ouvriers, censée être compensée par la qualité de vie. Il faut donc s'interroger sur la place de l'action syndicale dans un contexte, qui, depuis 2002, est très défavorable aux salariés.
Alors, à bout d'arguments, on nous dit que c'est certainement un cadeau très coûteux pour l'Etat...Pas vraiment, puisque l'on peut estimer le coût à 8 milliards d'euros en 2006. Pour donner un ordre d'idée, les allégements de charges sur les bas salaires ont représenté 10 milliards d'euros cette année là. De tels allégements ne représentent "que" 250 000 emplois de 1990 à 2003, soit 100 000 de moins pour un coût supérieur... Par contre, il est exact de constater la baisse de qualité des services publics suite à la mise en oeuvre de la RTT, par manque de souplesse de management dans la fonction publique et d'absence de moyens financiers spécifiques affectés à ce changement important d'organisation du travail.
Les 35 heures n'ont donc été pour la société française ni une panacée ni une catastrophe. Toutefois, ce bilan à côté du principal : la RTT avait une dimension de "politique de civilisation". Réduire le poids du travail dans la vie de chacun au bénéfice du temps libre, c'est aussi vouloir réduire la place de l'économie dans la vie sociale, inciter à être plutôt qu'à avoir !
De la même manière que la droite a dénoncé au 20ième siècle et ce, pendant plusieurs décennies, les...congés payés!
On peut ajouter que les français en nombre d'heures travaillées sur l'année sont au niveau des anglais et devant les américains. Et nous avons une meilleure productivité. Les pays anglo-saxons ont tellement développé les temps partiels que l'on se retrouve avec cette situation paradoxale.
L'UMP a besoin de bouc-émissaires pour justifier ses couacs et lacunes économiques. La ficelle est un peu grosse mais P. Devedjan doit bien faire son possible pour exister. Et tant pis s'il est totalement désavoué par le ministre du travail X. Bertrand.
Il n'y a ni cohérence, ni cap dans la politique Sarkozy. Les français en payent malheureusement la note.
Rédigé par : Jérôme Le Bigaut | 22 mai 2008 à 13:54
Je te rappellerai les critiques,tout à fait justes,de Ségolène :
. les 35 heures n'ont réellement profité qu'aux cadres qui ont récupéré environ 12 jours de congés supplémentaires.
. Par contre, pour les ouvriers notamment, cela s'est traduit par une flexibilité supplémentaire et un travail plus intensif.
. Même si le SMIC a été bien augmenté, les 35 heures se sont traduites par une modération salariale très forte pendant plusieurs années pour les autres et un rattrapage des bas salaires par le SMIC. Donc une vraie perte de pouvoir d'achat.
J'ajouterai que la philosophie du "partage du travail", comme s'il y avait un gateau fixe à partager est anti-économique : le travail crée le travail.
Ceci étant les 35 heures sont derrière nous, les entreprises en ont profité pour accroitre leur productivité à marche forçée (ce qui explique le peu d'audience en pratique du fumeux slogan "travailler plus pour gagner plus").
Vouloir faire machine arrière recouterait de l'argent et ne résoudrait pas les problèmes structurels de l'économie française.
Bonjour à Moelan
Rédigé par : petitmaje | 24 mai 2008 à 08:45
Je suis un militant syndical autant que politique. En tant que syndicaliste responsable géographiquement et professionnellement j'ai eu à participer aux négociations sur les 35h et aussi à faire dire leur vécus 1 an après aux mandataires qui ont signé un accord dans une réunion spécialement sur ce sujet.Une douzaines de "délégués" participaient, une question était posée: pour votre entreprise (vos collègues) les 35h sont ils jugés positivement ? 8 ont répondu par l'affirmative! (nous souhaitions connaitre le sentiment réel des salariés)!
Pour ma part dans une grosse entreprise (6000 salariés) il y avait plusieurs avis , mais le plus répandu parmis les ouvriers étaient la perte de salaire (accord d'annualisation qui ont laminer les heures sup). Mais aussi passage à temps plein c'était le deal central de plusieurs centaines de temps partiel imposés! Dans ma déclaration et mon vote de cette journée des signataires , j'ai répondu que dans mon entreprise nous avions un avis négatif sur les 35h , à cause de cette perte de salaire du au manque de paiement d'heure sup!mais il y a des centaines de familles qui elles disaient le contraire, car elles sortaient la tête de l'eau!
Je précise que ce sont les organisations syndicale qui signaient les accords et non le parti socialiste. Ce jour là 4organisation ont signé l'accord, 3 membre par organisation ,moi j'ai dit non à mes deux camarades, qui eux étaient d'accord donc signature de mon organisation(je pense toujours que on pouvais faire mieux)
Rédigé par : Jacques Canevet | 30 mai 2008 à 11:27
Sondage : 79% des salariés français attachés à leur RTT
Près de 8 salariés sur 10 ne sont pas intéressés par le rachat de leurs jours de RTT (réduction du temps de travail), selon un
sondage LH2-Institut de l'entreprise, publié mardi dans «Les Echos». A la question «cette année, pensez-vous vous faire racheter par votre entreprise des jours de RTT?», 79% des salariés répondent 'non', 11% 'oui', et 10% ne se prononcent pas.
Rédigé par : Jérôme | 10 juin 2008 à 11:25