S'abonner

Retrouvez-moi sur Facebook

  • Nicolas Morvan's Facebook profile

« Week-end à Paris | Accueil | Congrès de Versailles »

19 février 2007

Commentaires

Flux Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.

Yvan

je ne partage pas votre admiration bien "conventionnelle" et surprenante pour un humaniste de gauche.
Le musée est dans sa conception une imposture anthropologique:réduction des objets à une contemplation esthétique pure sans référence au contexte ethnologique de leur production et à leur finalité( les ethnies sont d'ailleurs appelées populations).. Ces peuples ont une histoire et ne sont donc pas des peuples "premiers",formulation polie pour primitifs.Un exemple qu'on peut donner: le fantasme "dogon" de l'école française, comme exotisme pur, société conçue comme miraculeusement préservée, grace à une soigneuse exclusion des influences de l'islam. Architecture et muséographie sont conçues pour donner une impression de mystère ésotérique (pénombre) et donc d'alterité tellement autre et exotique,que finalement ,il n'y aurait justement pas d'humanité unifiée(ce que renforce l'absence d'informations). Le fameux choc dont vous parlez et qui émane de certaines pièces en effet, risque d'aboutir à un simple :"ils ne sont pas comme nous", alors qu'il faudrait justement toute une pédagogie explicative qu'on trouve à Paris dans le petit musée Dapper. Sélection arbitraire de "chefs d'oeuvres" parmi les collections du musée de l'homme(le reste est mis en caisse).Il s'agit donc d'un exemple type de discrimination "positive", comme l'a écrit la malienne Aminata Traore,(ancienne ministre de la culture)"un avatar dernier de l'arrogance occidentale qui décide pour les anciens colonisés de ce qui est chef d'oeuvre ou pas".Sans oublier que ces oeuvres ont été le plus souvent pillées, comme l'explique M.Leiris dans l'Afrique Fantôme.
En cela l'humanisme chiraquien n'est pas si éloigné des postures de son ministre de l'interieur décidant du bon ou mauvais immigré.
le musée des beaux arts de Rennes vient de bâtir une exposition d'un tout autre intéret (malgre un nombre restreint d'objets) et d'un tout autre esprit.

Nicolas

Merci Yvan pour ce commentaire, dont je partage bien des aspects.

D'ailleurs dans le corps du texte vous noterez que je précise que l'on peine à trouver un terme exact, sinon celui de dire qu'il s'agit d'un musée des arts non-occidentaux. Encore faudrait-il préciser ce que les arts occidentaux doivent à la découverte des arts, qui nous sont ici présentés...

De même je note l'ambiguïté du terme Art Premier.

Enfin, je partage votre avis sur le manque de muséographie et donc d'explication de contexte, de culture, de sociologie, de vision du monde, d'histoire, etc. Il faut reconnaître qu'il en va de même dans les musées occidentaux et il s'agit bien ici de présenter des oeuvres pour ce qu'elles sont et non pour ceux dont elles émanent. Pour avoir eu la chance d'étudier un peu en histoire de l'art les oeuvres de Vermeer par exemple, il faut avouer qu'elles ne peuvent être cernées sans situer le contexte socio-économique et culturel de la société hollandaise de l'époque. Peu de musée le font, pourquoi devoir à tout prix le faire ici ?

La médiathèque, la boutique achalandée en livres divers et variés sont là pour accompagner la curiosité qui est née chez le visiteur. Tant mieux.

Pour ce qui est de la façon dont la collection a été constituée, je ne savais pas qu'il y avait eu pillage. Il faudra donc trouver les voies et moyens de le réparer, comme il convient de rendre un certain nombre d'oeuvre à l'Egypte et à la Grèce, non ?

Au final, je crois que l'ouverture et la rencontre sont tout de même à mettre au crédit de ce musée, même s'il reste entâché des points que vous soulevez.

Cyrille

Je reviens moi-même du musée du Quai Branly (et non pas des "arts premiers"). Cette extraordinaire création muséographique a au moins un (immense) mérite : celui d'exister. Que ne l'avait-on pensé ou concçu avant ? Par ailleurs, comme je l'ai indiqué, ce n'est pas un musée des arts premiers et il ne porte pas du tout ce nom. En effet, la présence d'objets asiatiques, japonais ou vietnamiens ne vous aura pas échappé. Or, cet art-là n'est nullement un art premier. D'où le nom du musée : "Quai Branly", pas "art premier" ...
La "discrimination positive" est franchement faible si 'lon songe que la plupart des musées regorgent d'objets non exposés. Il faut bien faire un choix et il n'est guère douteux que ces collections seront à leur tour exposées.
Quant à l'absence d'informations soulevée par notre ami, elle me paraît difficile à soutenir sérieusement. Tous les musées que je connais en sont à peu près au même point. Il ne faut pas y voir une volonté consciente de ne pas informer le visiteur, pour le transporter uniquement dans un univers exthétique ... N'exagérons pas tout de même. Les conservateurs sont de grands professionnels, passionnés et c'est leur faire injure que de laisser dire cela, soit dit sans offenser Yvan bien sûr !

Yvan

Je conseille à mon contradicteur (et ami!) de lire tous les textes de ces grands professionnels(Germain Viatte par exemple) .Le simple respect de la fonction n'est pas un argument de vérité du moins en Démocratie,(ce serait le règne des experts et des technocrates);dans le cas contraire aucun esprit critique n'existerait! et la critique courtoise n'est pas une injure . Que serait une société de révérence et de politiquement correct? Ne doit on pas discuter le quai branly parce que c'est le fait des "princes" ou de certains professionnels.
Pour en revenir aux textes, l'inspirateur du quai branly (dans un texte appelé Point de Vue )jacques kerchache , ami de chirac (ce n'était pas un conservateur mais un marchand d'art et un collectionneur!)a lui même indiqué son refus de toute ethnographie et histoire des oeuvres pour la remplacer par l'émotion esthétique.
L'absence de référence n'est justement pas un simple défaut, qu'on corrigerait par la suite mais une volonté statégique de métamorphoser les objets en oeuvres d'art(selon nos critères propres)
Je constate que les deux réponses à mon commentaire passent ce fait sous silence:il est vrai que c'est la même chose de tous les musées mais nous baignons dans notre culture artistique et pas besoin de contextualiser la joconde. par contre déclarer que les objets exposés sont des oeuvres d'art est une marque d'appropriation selon nos critères (qu'il faut justifier par une reflexion sur ce qu'est une oeuvre et si le concept existe dans les cultures en question).-le marché de l'art premier n'est pas loin qui comptait sur l'ouverture de Branly pour "doper "les prix. Récemment un masque ngil(objet de punition de la sorcellerie) pas plus "esthétique" que les plus récents a atteint 5M€ uniquement parce qu'il datait de deux siècles et qu'il venait d'une collection célèbre: était_ce une oeuvre d'art , un document historique ou un objet etnographique qu'on vendait? En quoi consistait la "valeur"?
je vous invite modestement à consulter mon propre blog où je viens justement de traiter ce sujet. On peut y trouver le texte de J.kerchache ainsi que d'autres.

http://agoras.typepad.fr/regard_eloigne/

L'utilisation des commentaires est désactivée pour cette note.