« J’ai proposé de créer des jurys de citoyens qui évalueraient les politiques publiques, par rapport à la satisfaction des besoins ou par rapport au juste diagnostic des difficultés qui se posent, non pas dans un sens de sanction mais pour améliorer les choses. Ces jurys de citoyens pourraient être constitués par tirage au sort »
Voici la proposition de Ségolène Royal qui a défrayé la chronique. J'ai essayé de comprendre ce qui pouvait bien chagriner des militants de gauche dans cette proposition... ?
Car enfin, corrigez-moi si je me trompe, mais la gauche, depuis l'origine, c'est bien le combat pour l'émancipation, non ?
Et spécialement depuis Jaurès, le socialisme, c'est bien d'épouser le combat républicain et de mener à bien son approfondissement démocratique, non ?
Les paroles de l'Internationale nous proposent bien de souffler nous-même notre forge ? Elles ne précisent pas que nous devons attendre que le politburo ait fini de délibérer pour savoir si nous devons souffler de haut en bas ou de bas en haut ? Et d'ailleurs, nous avons vu ce qu'il en advenait quand c'était le cas !
Trêve de plaisanterie, observons l'argument qui surnage, à savoir que ce type de jury ou d'observatoire citoyen met en accusation les élus, et spécialement les élus locaux, qui, soit dit entre nous, font un travail magnifique.
Et bien, voyez-vous, nombre de Français considèrent que les élus, et spécialement ceux qui ne sont pas locaux, ne font pas un travail magnifique. Je suis loin de partager cette suspicion, je la rejette, mieux, je la combats y compris quand je la sens poindre dans les rangs du PS.
Mais force est de constater que pour l'heure, au niveau national, personne ne s'est attelé à argumenter sur ce sujet. Tout le monde semble dire : nommer la chose, c'est déjà lui donner corps !
Comme si pour guérir un malade, il ne fallait pas d'abord poser un diagnostic et le faire partager par le patient. Oui, la société française est malade. Malade d'un manque de démocratie, de participation, d'engagement au service de la cité, de suspicion envers son prochain. Alors, que fait-on ? On met son mouchoir dessus ou on remonte les manches ?
Je préfére que les socialistes remontent les manches et fassent partout émerger des conférences citoyennes, non pas pour juger les élus, mais pour donner des avis éclairés sur les politiques publiques au niveau local ou national. Cela permettrait peut-être à nos concitoyens d'avoir les données pour appréhender la complexité d'une prise de décision publique, ce qui les ramènerait sûrement dans le jeu républicain, pas tous non, mais nombre de ceux qui ont décroché.
D'ailleurs, je vais vous dire un secret... Je connais au moins deux socialistes qui ont déjà fait un jury citoyen.
Ne le répétez pas hein, mais ils étaient membres du gouvernement Jospin, et il me semble bien qu'à l'époque DSK l'était aussi. Je crois même qu'un des deux était encore en place quand Fabius a rejoint le gouvernement.
Allez je vous donne les noms, ils ne m'en voudront pas ! Il s'agit de Marylise Lebranchu et de Louis Le Pensec. Ils ont organisé une conférence citoyenne sur les OGM. Il fallait le faire à l'époque (Dominique Voynet dit même que l'idée est d'elle, peut-être) ! Le Pensec, Ministre de l'Agriculture et Marylise Lebranchu, Secrétaire d'Etat à la Consommation avaient réuni des Français, qui, confrontés à des experts et à des données scientifiques, devaient donner leur avis éclairé. Celui-ci a été ensuite débattu par la représentation nationale qui garde le dernier mot.
Sous Jospin, personne ne s'en est plaint ! Y aurait-il de l'insincérité dans l'air ?
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