Je sais l'intérêt tout relatif qu'il peut y avoir à ne parler que la procédure de sélection des candidats au PS en cette période de rentrée scolaire difficile, d'annonces budgétaires mensongères, de privatisation de GDF, d'explosion du coût de la vie.
Mais tout de même, je ne peux pas ne pas évoquer ici le retrait de la course de Lionel Jospin.
Lionel, pour moi c'est avant tout une histoire liée aux plus beaux et aux plus tristes moments de l'histoire du PS. En effet, ce sabra est venu dès le départ assurer la construction du grand parti socialiste d'Epinay en lui apportant sa formation politique si particulière, mais aussi sa rigueur et sa hauteur de vue. Puis une fois le PS au pouvoir, il servira fidèlement François Mitterrand dans tous les postes clès. Mais, il s'opposera à lui dans une guerre de succession avec Laurent Fabius sur fond d'opposition et en tout cas d'empêchement de la candidature Rocard.
Jospin c'est aussi cette formidable campagne de 1995, où, une gauche lessivée par l'épuisement monarchique du mitterrandisme, va renaître en quelques mois sous la direction d'un homme qui se présente tout de suite comme le successeur de Mendès ou de Rocard. "Avec Jospin c'est clair !" disaient les petits stickers vert pomme. Ma première campagne présidentielle, mes 20 ans.
Puis Lionel sera l'homme orchestre de la victoire de 1997. Le Premier Ministre de cohabitation qui fera puissament reculer le chômage, ouvrira la voie pour de nouveaux droits (PACS, CMU, etc.), libérera du temps pour les salariés, permettra de bâtir l'Europe en essayant toujours de la tirer vers plus de social. Bref, un homme d'une grande qualité qui fera notre fierté.
Mais loin de moi l'idée de ne dresser qu'un portrait hagiographique. Il y eut aussi des erreurs, des loupés. Ils furent d'autant plus importants qu'ils étaient le fait d'un homme dont on attendait beaucoup et qui était exigeant avec lui-même et avec les autres.
Aujourd'hui, Lionel se retire de la compétition présidentielle avec semble-t-il beaucoup d'amertume dans la bouche. Je salue sa décision empreinte de sagesse. Je souhaite qu'il reste pour nous un phare, qui nous éclaire dans les années qui viennent. Cela suppose qu'il ne s'abîme pas sur les rochers de nos vaines querelles du jour.
Voilà en tout cas l'image que je souhaite garder de cette décision, à savoir les derniers mots de son blog sur ce sujet : "Au-delà de la campagne présidentielle que j’espère victorieuse, je défendrai les conceptions de la vie politique, du rapport aux citoyens, de la gauche et du socialisme démocratique qui sont essentielles pour notre avenir et auxquelles tant de Français sont attachés."
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