On connaît l'expression, en politique, comme en médecine, il ne sert à rien de casser le thermomètre, le mieux est de traiter la fièvre.
Pourtant, non content d'avoir sur l'établi un redécoupage des circonscriptions législatives, le gouvernement envisage de modifier à nouveau le mode de scrutin des régionales pour 2010. Je dis bien modifier à nouveau, car Raffarin l'avait déjà modifié, donnant une prime substantielle en nombre de sièges au vainqueur...et donc à la gauche.
Dans son interview donnée à l'Express le 27 mars, François Fillon envisage cette modification, souhaitant "à titre personnel" l'instauration d'"une proportionnelle à un tour et non à deux comme actuellement". Il ajoute que "le gouvernement souhaite un débat sur le mode de scrutin pour les régionales". Selon lui, il faut "dissocier la question des modes de scrutin de la révision constitutionnelle".
Le mode de scrutin actuel, en vigueur depuis les régionales de 2004, est un système mixte, mi-majoritaire, mi-proportionnel. Il avait été instauré par une loi d'avril 2003 sous le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin pour favoriser la bipolarisation de la vie politique et éviter, comme cela s'était passé aux régionales de 1998, que le Front national ne se retrouve en position d'arbitre.
Dans un courrier adressé à François Fillon, dès le 27 mars, Alain Rousset, président de l'Association des régions de France (ARF), exprime "l'opposition la plus ferme et la grande inquiétude" des élus. "La défiance de nos concitoyens à l'égard de votre majorité lors des derniers scrutins municipal et cantonal devrait vous inciter à remettre en question votre politique nationale plutôt qu'à changer le mode de scrutin (.). Que redoutez-vous des élections régionales de 2010 : la reconduction des majorités en place signe de la satisfaction à l'égard des politiques menées depuis 2004 ?"... "Ce dont ont besoin les régions françaises, ce n'est pas d'une réforme de leur mode de scrutin, mais d'une clarification de leurs compétences, de transferts de ressources équivalentes aux transferts de charges et d'une véritable réforme de la fiscalité locale", conclut le président l'ARF. Le président du groupe socialiste au Sénat, Jean-Pierre Bel, a estimé que "vouloir remettre sur le chantier le scrutin régional alors que nulle demande n'émane des principaux intéressés, les régions, c'est prendre le risque de rétablir l'instabilité et l'ingouvernabilité des conseils régionaux". Le président (PS) du conseil régional d'Ile-de-France, Jean-Paul Huchon, s'est déclaré le 26 mars hostile au retour au mode de scrutin à un tour : "on sait à quoi ça a conduit, à l'impuissance totale des pouvoirs régionaux et à la menace d'exécutifs dirigés par le Front national, si c'est ça que l'on veut recommencer, bon vent, bonne chance".
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