La Liberté guidant le peuple, le tableau de Delacroix, n'est pas une photographie, mais bien une représentation imaginaire d'un moment historique. Une allégorie, où le concept même de la Liberté est représenté sous les traits d'une muse entrainant la foule en levant son drapeau tricolore.
Ce tableau est une bonne réponse à ceux qui, aujourd'hui, semblent vouloir laisser ce drapeau à la réaction en en faisant un symbole de l'extrême-droite. C'est pourtant lui qu'honorent les resistants de la Seconde Guerre Mondiale et bien d'autres combattants des valeurs universelles de Liberté, d'Egalité et de Fraternité.
En juin 2006, Ségolène Royal expliquait qu'elle ne souhaitait pas ignorer la République. Elle citait alors Jaurès qui disait "qu’un peu d’internationalisme éloigne de la patrie" mais que "beaucoup y ramène". Ségolène Royal ajoutait : "patriotisme bien compris, qui est l’ennemi du chauvinisme va t’en guerre, et internationalisme bien compris, qui repose non sur la négation des nations mais sur la solidarité des peuples".
Aujourd'hui, en mettant en avant son attachement au drapeau français et à la Marseillaise, ce sont les valeurs universelles que ses symboles représentent qu'elle veut mettre en avant, de même que les promesses sociales qui accompagnent ces valeurs. Elle cherche à imposer face à la droite une vision de la France comme communauté de destin et non, comme le souhaiterait Sarkozy, réduire notre pays à un agrégat de communautés d'origine.
Communauté de destin ? C'est ce qu'elle met en avant quand elle parle, comme nul autre avant elle de République métissée, qu'elle souhaite que nous arrétions de parler de Français de souche comme si les autres étaient des Français de branchage, qu'elle propose de régler avec humanité le problème des sans-papiers, etc. L'important dans la Nation n'est pas de savoir d'où l'on vient, mais où l'on va et comment.
Certains me disent que tout de même, si ces symboles furent bien ceux des révolutionnaires et des résistants, ils sont aussi ceux de l'extrême-droite. Je leur répondrai qu'un symbole n'est jamais univoque. Il suppose toujours plusieurs niveaux de lecture. Qu'il soit un enjeu politique est donc normal, ce qui est anormal c'est de ne pas mener ce combat et de se résigner à ce que le triptyque républicain (Liberté, Egalité, Fraternité) soit dépossédé de son drapeau par le FN !
Pour ce qui est de la Marseillaise, je lui préfére le Chant des Partisans, qui fait monter en moi plus d'émotion à chaque cérémonie d'hommage à la Résistance. Il n'est pourtant pas moins guerrier.
Dans la suite de la note, vous trouverez le texte de Ségolène Royal sur la Marseillaise. Vous verez que ce n'est pas vraiment ce que vous avez lu dans vos journaux...
Fin du discours de Marseille le 23.3.07
"Puisque nous avons parlé de l’identité nationale, et puisque nous sommes à Marseille, je voudrais vous dire un mot de la Marseillaise, parce qu’il y a parfois des malentendus.
J’entends dire des jeunes qui ne comprennent pas : « Mais ce sang impur qui abreuve nos sillons ? »
N’ayons pas de malentendus. La Marseillaise, c’est le chant de la lutte contre toutes les formes de tyrannie, c’est le peuple qui s’est levé contre les forces de l’Ancien Régime, c’est le chant qui a été repris dans tous les pays où il a fallu secouer le joug de l’oppression. C’est le chant que Louise Michel faisait chanter à ses élèves tous les matins et tous les soirs, et à chaque fois, elle qui avait connu la prison et les privations de liberté, à chaque fois, disait-elle, qu’elle faisait chanter la Marseillaise à ses élèves, elle ne pouvait pas s’empêcher de pleurer.
Alors, ne faisons pas de contresens sur ce chant, la Marseillaise. Comprenons vraiment le fond et la force historique de ses paroles. Ce n’est ni un chant sanguinaire ni un chant xénophobe, non, c’est le chant de toutes les libertés, de ceux qui risquent leur vie pour défendre les libertés, c’est le chant des républicains, c’est le chant que je vous propose, ici, à Marseille, de chanter tous ensemble pour ne jamais oublier que le message universel de la France à travers le monde est plus que jamais d’actualité : la liberté, l’égalité et la fraternité."
Nicolas, je suis d'accord avec toi, il n'est pas normal de laisser les symboles que sont le drapeau national et la marseillaise aux seuls forces de la réaction. Mais je dois avouer sans honte que ma première pensée a été le rejet.Il m'a fallut 48heures pour apprécier à sa juste valeur "le geste" politique fort de Ségolène , car maintenant c'est vrai que la France qu'elle veut mettre en avant c'est celle que j'aime et donc il est normal d'apprécier aussi ses symboles, mais celle de Sarko elle je n'en veut pas ni de ses Couleurs que j'ai salué tout les matins pendant 3 ans , et aussi pour la petite histoire de lever le bras pour saluer un supérieur de sexe féminin mais c'était en 74 et là j'avais beaucoup de mal à le faire!
Rédigé par : Jacques Canevet | 01 avril 2007 à 17:02